Abdoulaye Wade, Macky Sall et Idrissa Seck : la guerre des Trois

C’est un secret de Polichinelle. Le branle-bas autour du feuilleton “Idrissa Seck’’cache mal une bataille de positionnement politique. Président du Cercle des intellectuels soufis, Serigne Fallou Dieng analyse la situation. “Gagner un entourage religieux, selon lui, n’est pas gagner un terrain mouride.’’

Il faut noter que du point de vue électoral, Touba fait partie des communes où il y a le plus d’électeurs. Pour beaucoup d’observateurs, c’est afin de capter cet électorat mouride qu’Idrissa Seck multiplie ces derniers temps ses visites et autres déclarations d’amour à la capitale du Mouridisme.

Longtemps très loin des décideurs à Touba, il a depuis quelque temps des soutiens dans le plus proche entourage de l’actuel Khalife. S’appuyant sur ces derniers, le président du Conseil départemental de Thiès,qui était hier encore à Touba, joue son va-tout pour la Présidentielle de 2019.

Un pari loin d’être gagné si l’on sait qu’il est peu probable que le khalife puisse se prononcer pour un candidat au détriment d’un autre. Il est encore moins probable qu’il se prononce en faveur d’Idrissa Seck dont la popularité à Touba reste à être prouvée. Tout le contraire de son ex-mentor Abdoulaye Wade qui, de tout temps, a bénéficié d’une grande sympathie dans la ville de Serigne Touba.

Serigne Fallou Dieng du cercle des intellectuels soufis explique : “On pourrait bien s’apercevoir d’une guerre d’influence se dessiner, sous forme d’une lutte de positionnement et de querelles picrocholines entre un dispositif très rapproché du commandement, soutenant Idrissa Seck et des états-majors mourides, très conservateurs, réfractaires et nantis du pouvoir’’.

Le religieux craint que cette guerre des tranchées soit envenimée davantage en cette veille de Présidentielle, que Touba devienne un “champ politique’’ où va se dérouler une âpre lutte d’influence politique, entre protagonistes.

Quant à une éventuelle percée d’Idrissa Seck, Serigne Fallou Dieng dresse un certain nombre d’obstacles. “Deux facteurs pourraient bloquer la montée du leader du parti Rewmi.

Primo : le fait qu’Idrissa n’ait pas pu (jusqu’ici), ni conquérir une assisse électorale mouride, ni fidéliser des poches ayant une représentativité à Touba. Il n’a pas su non plus provoquer une forte mobilisation des Mourides à sa cause, comme l’avait bien réussi, avec un coup de Maître, Abdoulaye Wade, en son temps’’.

Analysant les nombreux témoignages en faveur de l’ancien Premier ministre, il déclare : “Cette chaleur spasmodique et fièvre politique, en faveur d’Idrissa, pourrait se révéler fausse et se remettre comme un coup de tonnerre politique dans un ciel bleu, si le patron de Rewmi ne réussissait pas à faire rallier à sa cause les lieutenants mourides et factotum politique de Wade comme Madické Niang et Samuel Sarr’’. Mais enfin, souligne l’intellectuel soufi : “Gagner un entourage religieux n’est pas gagner un terrain mouride.’’

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