3e FORUM INVESTIR EN AFRIQUE : Les clés du progrès, selon Macky Sall (Texte et images)

Le chef de l’Etat, Macky Sall, a appelé, hier, ses homologues africains à rompre avec les idées, pratiques et habitudes éternelles afin de créer un climat de confiance de la part des citoyens et des investisseurs. Il s’exprimait en marge de l’ouverture du 3e forum Invertir en Afrique organisé par la Chine, en partenariat avec la Banque mondiale.Macky Sall lors de l'Ouverture du 3e forum Investir en Afrique

Après l’Ethiopie en 2015 et la Chine en 2016, Dakar abrite, depuis hier, le 3e forum Investir en Afrique. Une occasion, selon le chef de l’Etat Macky Sall, de discuter avec des investisseurs étrangers, notamment chinois, sur les opportunités à saisir pour des investissements efficaces sur le continent.

Pour cette année, le thème de ce rendez-vous économique est axé sur “Accélérer le développement de l’Afrique par l’innovation”. “Nous ne pouvions trouver meilleur sujet pour un continent en quête d’émergence. Sur ce chemin de l’émergence, nous devons nous donner les moyens de transformer positivement et clairement notre système politique. Tout cela passe par l’innovation. C’est-à-dire un meilleur état d’esprit pour traduire une réelle volonté pour rompre avec les idées, des pratiques et des habitudes éternelles”, a dit le président sénégalais lors de son allocution.

En somme, il s’agit, pour Macky Sall, de “rompre d’avec la méthode du business au quotidien”. Et cette exigence s’impose d’abord, selon lui, aux pouvoirs publics. “Ils doivent marquer la rupture. Parce qu’en tant qu’inspirateurs des politiques publiques et chargés de la mise en œuvre, s’ils n’évoluent pas dans le sens de l’innovation, la transparence dans les procédures, les pouvoirs publics doivent matérialiser cette innovation. Il faut passer vers l’e-government, la gouvernance électronique. La rupture commence par nous”, a-t-il insisté.

“La prospérité partagée”

Dès lors, le chef de l’Etat a estimé qu’il est “important” que les dirigeants africains en prennent “conscience” en tant que décideurs. “Si nous voulons réaliser le progrès par l’innovation, nous devons penser et agir autrement dans la conduite des politiques publiques.

Celles-ci doivent non seulement être saines, stables et prévisibles, mais aussi transparentes et diligentes. Ce sont les préalables pour instaurer la confiance des citoyens et des partenaires. C’est quand cette confiance est établie que les échanges et les investissements prospèrent. Parce que, de part et d’autre, on est rassuré que les engagements pris seront respectés”, a-til indiqué.

Dès lors, Macky Sall a rappelé que l’Afrique a des ressources et elle a certes des défis à relever. “Mais elle offre des opportunités. La question essentielle est de savoir comment mettre en valeur ces ressources à travers un partenariat intelligent, un partenariat pour une prospérité partagée. J’insiste sur la prospérité partagée, qui suppose que l’investisseur est protégé dans ses droits, ses intérêts, autant que le pays d’accueil”, a-t-il préconisé.

Ainsi, le président Sall pense que les bénéfices des partenariats “doivent aussi être partagés”. Pour lui, il faut que l’activité génère quelques bénéfices pour le pays. “Nous avons besoin d’investir en retour sur les infrastructures, la sécurité, donc créer les conditions favorables pour le développement de l’investissement privé. Nous parlerons également de la gestion des risques et de la gouvernance.

Pour apporter des réponses pertinentes à ces problématiques, il faudra sans doute innover en changeant de paradigmes et de visions dans le mécanisme des rapports entre partenaires”, a-t-il rassuré. C’est dans cette logique que le chef de l’Etat a demandé aux initiateurs de ce forum de convaincre les autres partenaires que l’Afrique “est un pôle de croissance” où il faut investir, sécuriser non seulement son investissement, mais aussi le rentabiliser. “C’est vrai que le risque est surévalué en Afrique. Mais, sur la dette des pays, les Africains ne sont pas à défaut, malgré toute la théorie qui est faite autour de la dette. Il faudra, lors ce forum, réfléchir sur comment ramener le risque à sa juste proportion”, a-t il recommandé.

Allouer des financements aux privés africains “sérieux”

Le 3e forum Investir en Afrique a aussi été l’occasion, pour le président de la République du Sénégal, de faire un plaidoyer pour l’appui des privés africains. “En Afrique, il y a des privés sérieux qui ont fait leurs preuves. Malgré le fait qu’ils accèdent aux marchés dans des conditions difficiles, ils arrivent à mener leurs activités et à faire des bénéfices. Ce secteur privé a besoin d’accéder à des ressources.

Ce forum Investir en Afrique, en relation avec la Banque mondiale, devrait lever le coin du voile sur cette question”, a-t-il déclaré. Si les acteurs veulent développer le partenariat public-privé, pour Macky Sall, il faut que les investisseurs internationaux “acceptent” de travailler avec le privé local. Car, selon lui, ce dernier “n’arrive pas à lever” sa part des financements et les Etats “n’ont pas les moyens” de les accompagner. “Donc, il nous faut travailler ensemble pour y arriver.

Cependant, je parle du secteur privé sérieux, qui a fait ses preuves et qui est capable de valoriser ces investissements”, a-t-il préconisé. En dehors du défi du partenariat entre privé international et africain, le président Sall croit également que par la force de l’investissement et de la coopération, l’Afrique va réaliser en “un temps très court” les conditions de son décollage économique.

Toutefois, il est conscient que les infrastructures sont “indispensables” à l’émergence du continent. “Il s’agit de projets ferroviaires. Les gens n’aiment pas trop parler du chemin de fer, parce que cela demande beaucoup d’investissements. Mais il faut construire la connexion entre les pays africains, sinon on ne pourra pas développer le commerce intra-africain. Il nous faut développer le chemin de fer en Afrique. Nous avons besoin de construire des infrastructures de communication, les routes, les ponts”, a-t-il fait savoir.

Cependant, dans un monde en perpétuelle mutation, a souligné le directeur général et responsable en chef de l’Administration de la Banque mondiale, Shaolin Yang, l’Afrique “ne peut pas se permettre” de rester en marge du développement technologique et des innovations. “L’Afrique pourra faire un bond en avant grâce à la révolution digitale. Le continent n’a pas besoin de passer par le chemin qu’ont emprunté les autres pays riches pour se développer. Mais, en s’appropriant la technologie et l’innovation, l’Afrique peut brûler les étapes, surmonter les obstacles et donner vie à sa croissance.

Pour cela, nous devons jouer notre rôle”, at-il jaugé. Pour ce banquier, les gouvernements doivent mettre en place les “conditions optimales” pour le climat des affaires.

Plus de 1 000 PME chinoises présentes en Afrique

Dans cette perspective, ce responsable de la BM affirme que le secteur privé étranger “doit changer” sa perception de l’Afrique.

Les organisations internationales de même que les bailleurs “doivent jouer le rôle” de facilitateurs. “La Chine a beaucoup fait dans ce sens avec des résultats probants. Elle est, aujourd’hui, le plus grand partenaire économique de l’Afrique et il y a plus de 1 000 petites et moyennes entreprises chinoises sur le continent. Régler les problèmes de l’Afrique demande des investissements colossaux et les dépenses publiques ne seront pas suffisantes. Donc, saisissons les opportunités”, a-t-il dit.

En réalité, les investisseurs chinois sont conscients, selon le vice-président directeur général de la Banque chinoise de développement Yongsheng Wang, que le problème majeur pour les pays africains, c’est d’avoir accès à des mécanismes de financement et de gérer les risques qui sont souvent surestimés. “C’est ce qui fait que certaines entreprises ont des soucis pour pénétrer le marché.

Nous allons travailler au sein de notre banque sur ce point, afin de faire en sorte que le marché africain soit crédible, tout en favorisant l’investissement privé”, a-t-il rassuré. Il faut noter que des accords ont été signés, à cette occasion, entre les entrepreneurs chinois et le directeur général de la SENELEC, le ministre de l’Agriculture et celui de l’Economie, des Finances et du Plan.

 

EnQuete

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