Entretien avec Mamadou Elimane Kane : Pourquoi le blocage à la mairie de Thilogne, sa bisbille avec Farba Ngom, sa proximité avec Harouna Dia, Mek dit tout

Dans un entretien accordé à votre portail www.laviesenegalaise.com, le fils de Thilogne du nom de cette localité située au Nord du Sénégal, à Matam, Mamadou Elimane Kane dit MEK puisque c’est de lui qu’il s’agit est revenu sur les raisons du blocage du conseil municipal de Thilogne, pendant au moins 8 mois. L’assureur de formation évoque dans cet entretien les raisons du blocage de leur municipalité. Dans un langage direct, sans langue de bois, celui que les jeunes de Thilogne appellent affectueusement MEK, initiales de son nom (Mamadou Elimane Kane) parle de sa bisbille avec le député Farba Ngom, de sa relation avec l’homme d’affaires Harouna Dia, de la politique du chef de l’Etat en marge des cinq (5) ans au pouvoir du régime de Macky Sall…

Bref, MEK dit toutttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttt.

Entretien                                                                     


  • Propos recueillis par Tiemoko B Bouaré

Présentez-vous à nos internautes s’il vous plaît ?

Je m’appelle Mamadou Elimane Kane, je suis né et grandi à Thilogne et j’y ai fait tout mon parcours scolaire. Etant assureur de formation, je travaille dans l’assurance et je suis Foutanké. Je taquine un peu la politique mais ce qui fait bouillir la marmite ce sont les assurances.

Certes les assurances vous ont permis d’être dans tout le confort possible mais vous avez voulu partager cela avec les gens du Fouta, pourquoi ?

Tu sais on a grandi à Thilogne et dans une grande famille, moi je suis fils d’un ancien parlementaire parce que mon père a fait 25 ans dans le parlement donc je ne connais que la solidarité car dans toute ma vie on a fait que partager et alors tout ce qu’on a reçu et qu’on a gagné sur le plan professionnel l’on est conscient que c’est la bénédiction des Foutankés. Ainsi on est engagé dans la politique pour mieux servir le Fouta, et le Sénégal de manière générale.

Alors, dites-nous comment se porte la politique aujourd’hui à Thilogne ?

Vous savez Thilogne c’est une partie du Fouta, et c’est la capitale du Bossea, Thilogne c’est le village des Chérifs, une localité à la fois religieuse, mais naturellement politique.

Aujourd’hui la politique a évolué, il y a eu beaucoup de cadres qui se sont impliqués pour plusieurs raisons bien entendu.

Mais dans tous les cas ça va, la politique à Thilogne se porte très bien parce qu’il y a une certaine culture qui commence avec une nouvelle génération qui est là et la population elle même commence à être mûre politiquement et nous avons bien connu avant tout ça une bonne organisation en la matière.

Puisque ce n’est plus un secret pour personne qu’il y a deux grandes tendances à Thilogne, alors comment est l’atmosphère aujourd’hui ? elle n’est pas tendue ?

Comme je le disais récemment au président de la République, moi je suis pour les tendances et je suis pour la concurrence, mais quand il y a les tendances et la concurrence, il faudrait que l’on soit  des gentleman démocrates et très fair-play comme le disent les sportifs, non seulement savoir reconnaître sa défaite, mais aussi pouvoir accepter la victoire de l’autre.

Mais cela manque au Fouta si l’on regarde de près Dakar et d’autres villes. Les gens ne comprennent pas encore les enjeux de la politique car on peut être aujourd’hui des adversaires et devenir demain des alliés.

Est-ce dire que ce côté gentleman manque au Fouta ?

Non ! Non ! Mais c’est difficile quand-même aujourd’hui quand tu te porte candidat pour la mairie, le maire et ses partisans te prennent pour un ennemi. Je l’ai même dit au Président de la République que j’ai participé aux élections de 2014, j’ai perdu mais je préfère quand même rester dans le rôle d’un opposant au sein du conseil municipal pour veillez à ce qu’il y’ait une bonne gestion du budget. Aujourd’hui quand tu essayes de jouer ce rôle-là, les gens te considèrent comme un ennemi, comme un mauvais perdant. C’est pourquoi les gens ont souvent tendance à s’égarer comme un chien de chasse, pour moi ce n’est pas ça la règle du jeu.

Justement il y a eu beaucoup de tiraillements par rapport au vote du budget 2017 de la commune de Thilogne au point qu’il a fallu l’intervention du Président de la République pour que cela se fasse, dites-nous comment cela est arrivé?

C’est vrai qu’après les élections en 2014, le maire a pris fonction en août de la même année, il y a eu une passation de service avec une délégation spéciale. Nous avons campé sur notre décision en disant au maire que nous allons jouer le rôle du contrôleur, nous avons perdu les élections avec 1268 voix contre 1520 de l’APR donc pour nous la population nous a bien désigné pour jouer le rôle d’opposant au sein du conseil municipal. Ensemble dans un premier temps, mais à un moment donné, le bloc du maire s’est fissuré, une partie des conseillers nous ont rejoint, ce qui fait que la majorité a changé de camp. En ce moment, nous avions quand-même demandé au maire de nous présenter un compte de gestion, comme le dit la loi en son article 259 du Code général des Collectivités qui stipule qu’on ne peut pas voter un nouveau budget sans pouvoir présenter le compte de gestion, c’est-à-dire qu’on on ne devait pas voter le budget de l’année 2017 sans que le maire nous présente le compte administratif de l’année 2015, puisque c’est la loi qui le dit.

Nous avons toujours demandé au maire de nous présenter le bilan, le compte administratif. Le maire a toujours refusé en nous disant qu’il s’excuse qu’il ne savait pas. Donc nous en tant qu’opposant au sein de la municipalité nous ne pouvons pas cautionner que le maire parle d’oublie alors qu’il gérait un budget d’un  peu moins de 200  millions !  C’est pourquoi, lorsque le président nous a saisis, nous l’avons dit tout simplement que la réalité est que nous sommes dans une dynamique de la reddition des comptes dont il fait valoir. Ce qui fait que lorsque le président nous a demandé de l’aider à voter le budget de 2017 nous avons dit que cela était impossible sans le compte administratif. Et le jour du vote nos conseillers se sont présentés devant le sous-préfet de Thilogne, lorsqu’ils ont voulu faire un amendement, l’autorité pourtant présente a fait la sourde-oreille. Après le vote, on a saisi le préfet par voie d’huissier pour lui demander de ne pas valider le budget tant que le maire n’aura pas présenté le compte administratif.

C’est quoi le vrai problème dans cette histoire de budget?

Pour moi la réalité du déblocage du budget de Thilogne n’est rien d’autre que le fait que je sois allié à Harouna DIA pour moi c’est cela le vrai problème, il est purement politique. D’ailleurs ce problème de budget que le Président de la République vient de débloquer remonte à 2016. C’est parce que  MEK, leader de la jeunesse que je suis, s’est allié avec Harouna Dia, donc n’étant plus un allié politique de Farba, je suis devenu sa cible, ce qui fait qu’aujourd’hui, Farba en voulant m’isoler et diminuer mes forces a demandé à M. le Président d’intervenir. Donc pour moi s’il devait intervenir, il devait le faire bien avant. Mais pourquoi il ne l’a pas fait avant, parce que lors de l’accueil du président je me suis aligné avec Harouna Dia pour avec lui soutenir Macky Sall dans sa politique. Ce qui fait qu’à un moment donné Farba voulait m’isoler, comme on avait un bloc qui était là il fallait éclater ce bloc en demandant au président d’intervenir auprès des responsables politiques locales et moi j’ai dit au président que ce n’était pas seulement une affaire politique mais plutôt de gestion. Mais, ils comprendront plus tard….

Et ce problème de poste de coordinateur dont on parle !

Le vrai coordinateur c’est celui détient la masse c’est ça la réalité, le vrai coordinateur c’est celui qui détient la population, le vrai coordinateur c’est celui qui est près de la population, pour moi c’est ça la réalité.  Je n’ai pas besoin d’être nommé coordinateur. Du premier poste des responsabilités, je suis allé seul aux élections municipales parce que c’est le terrain qui dicte c’est pas une histoire de bureau, c’est pas une histoire de Dakar. J’ai pas besoin aujourd’hui qu’on me dise que tu es adjoint de « Massamba »(tel) ou autre. Le problème ne se trouve pas au niveau de la coordination, le problème c’est la gestion. Quand nous avons demandé la mairie en 2014, nous étions une équipe jeune, nous avons dit à la population donnez-nous 5 ans vous allez nous suivre.   Je suis chef d’entreprise chaque année je fais une évaluation, s’il n’y a pas de résultat il y a des sanctions, il y a des procédures de décaissement…

Pourtant c’est ce que le maire et son clan font valoir, ils disent que le ministre conseiller spécial veut le poste de coordinateur, d’ailleurs pour eux c’est la cause du blocage pendant tout ce temps ?

Comme j’ai eu à le dire, le ministre conseiller, s’il veut être coordinateur, moi je détiens 39% , l’APR 45%, le PS, l’AFP et Almamy détiennent 16% si moi je décidais de mettre mes 39% et que le ministre puise dans sa réserve des 45% avec tout le reste, il aura été coordinateur. Donc ça n’à rien avoir avec le blocage du budget, ce n’est pas lié.

Maintenant au niveau de l’APR moi je sais qu’il y a toujours cette question de 1er venu et de dernier venu, mais moi je considère un parti politique comme la Tharika Tidjaniya tout le monde est tidjâne le 1er venu et le dernier venu tout le monde est tidjâne.

Du côté du maire on fait les éloges de Farba Ngom. Il semblerait que c’est grâce à lui qu’il y a eu déblocage, mais vous, vous l’envoyez souvent des ficelles. Que se passe-t-il ?

Comme j’ai eu à le dire par le passé, Farba n’est pas un rassembleur, c’est un diviseur parce qu’il a passé tout son temps à diviser les responsables politiques et je dirais même qu’il fait partie des facteurs bloquant le développement du Fouta. Parce que ce qui est dangereux pour un responsable, un leader c’est de se croire indispensable, capable de tout faire. Or, aujourd’hui, au niveau de Thilogne, il nous a causé beaucoup de préjudices…

Comme quoi ?

Vous savez Thilogne est une ville historique ….L’Etat est une continuité, il y a eu des acquis comme l’hôpital de Thilogne c’est un acquis depuis et heureusement qu’il y a une continuité on est en train de refaire l’hôpital de Thilogne, le poste de la gendarmerie c’était un acquis au temps d’Abdoulaye Wade, aujourd’hui Farba a fait du lobbying pour récupérer ce poste qui nous revenait de droit et qu’Abdoulaye Wade nous avait donné par rapport à la  position géographique de Thilogne. Mais, il a amené le poste dans sa localité Agnam. Un bon responsable ne devrait pas se comporter de cette façon, de part son influence, de part sa proximité avec le chef de l’Etat, notre poste a été délocalisé. Aujourd’hui tous les Thilonois de quelques bords que ce soit sont frustrés par ce problème du fait que nous ayons eu un poste par l’intermédiaire d’Abdoulaye WADE et qu’aujourd’hui les gens pensent que c’est Macky SALL même qui a retiré ce poste à Thilogne, alors que ce dernier peut ne pas-être informé de cela.

Justement en parlant du Président Macky SALL, que pensez de ses 5 ans au pouvoir?

Au niveau du fouta il y eu quand-même des avancées sur le plan social et des infrastructures, mais pour la promotion des cadres, le Président Macky Sall n’a pas fait mieux qu’Abdoulaye Wade. La région de Matam n’a pas été bien fournie dans les nominations du chef de l’Etat, il n’y a pas de  leaders charismatiques, il y a ce problème qui se pose à Matam.

Au niveau des infrastructures, il des choses qui sont en train d’être faites que nous saluons que nous encourageons. A ce niveau il n’y a pas de problème il a fait un bon parcours avec le PUDC et le PSE, le fouta pourrait bientôt être sur les rampes  de l’émergence.

Que pensez-vous de la politique en général au Sénégal ?

Pour moi, d’abord si j’ai un constat à donner surtout aux jeunes, il faut qu’ils trouvent de l’emploi d’abord, il faut trouver une profession. Un bon politicien doit avoir une fonction parce qu’on ne peut pas faire de la politique étant au chômage, ce n’est pas possible. Et au moment où nous sommes aujourd’hui dans ce monde de gestion de transparence dont nous parlons, pour être même maire dans nos localités il faut avoir une profession pour pouvoir développer nos ressources.

Actualité oblige, on sait récemment qu’il (Farba Ngom) a fait une sortie pour parler du ministre de l’intérieur en disant que ceux qui le prennent pour cible veulent atteindre le président ? Vos impressions.

J’ai été surpris de le lire dans les journaux, au point de me demander si l’honneur resté encore à l’honorable député Farba Ngom ! En effet, Farba (Ngom) a purement et simplement diffamé le ministre qui selon lui, est à l’origine de ses démêlés avec la police. Ce qui est bien entendu totalement faux. Tout citoyen doit répondre à des accusations qui lui sont portés et ceux devant les autorités compétentes sans penser, ni compter sur l’influence de qui que ce soit en sa faveur ou en sa défaveur. Ce que Monsieur Ngom, habitué au trafic d’influence ne peut pas comprendre; nous lui accordons cela. Ce n’est pas lui qui a sciemment comploté pour que soit opéré le transfert des acquis de Thilogne vers Agnam. Avec quel pouvoir l’a-t-il fait? N’a-t-il pas simplement usé et forcé  de son influence pour qu’une telle injustice puisse voir le jour….voilà donc c’est l’arroseur arrosé!

Faisons un petit rebond sur ce rassemblement des jeune de Y en a marre qui prévoient d’organiser une grande marche cette semaine où plus d’un million de manifestants prendront part selon eux, que pensez-vous de cela ?

On est en démocratie et j’aime ces genres de mouvements, on en connait aujourd’hui au fouta, des jeunes qui dénoncent et comme je l’ai dit tout à l’heure c’est parce qu’on a bloqué la mairie de Thilogne, que tout le monde sait c’est quoi un compte de gestion administratif, tout le monde sait qu’on doit rendre compte et c’est ça mon idée le fait que nous les jeunes cadres qu’on soit impliqués, qu’on soit membres du conseil municipal et qu’on dise des choses ouvertement. Aujourd’hui quand-même le fouta commence à bouger. Donc il est clair que plus de 6 millions de Sénégalais ont été à l’école s’il y a des choses qui tournent pas en rond ils ont le droit de revendiquer, alors y en a marre aussi doit jouer un rôle de sentinelle et que chacun joue son rôle mais malgré tout je crois que le président Macky Sall est dans une bonne posture pour poursuivre son mandat. Parce que tout le monde a approuvé son accession au pouvoir car il est jeune, il a fait tout son parcours au pays ici et surtout il a une bonne vision du futur ; donc je crois qu’aujourd’hui il y a des opportunités pour tout le monde et tout le monde doit mettre sa main dans la pâte, l’opposition doit s’opposer mais dans la démocratie bien sûr et qu’on applique la loi pour tout le monde et il faut qu’il y est un résultat concret dans tout ce que nous faisons.

 Les législatives c’est dans  moins de 4 mois, quelles sont vos ambitions ?

Oui c’est vrai, et si Dieu nous prête longue vie je me prépare parce que c’est des moments importants dans la vie d’un homme politique et surtout d’un jeune leader qui a tout l’avenir devant lui. Je ne suis pas quelqu’un qui est venu dans la politique par hasard, j’ai la conviction que l’avenir nous appartient. J’ai grandi dans la politique, j’aime bien ma localité, je la servirai autant que je pourrai pour cela je me prépare avec le parti mais aussi avec des hommes et des femmes de valeurs et très engagés pour la volonté générale.

 Dernier mot, que diriez-vous des 57 ans du Sénégal ?

Le pays est resté stable et, est devenu par la suite un modèle de démocratie en Afrique ensuite nous avons bien prospéré et plus précisément avec Abdoulaye Wade car le Sénégal a su rester avec les grandes institutions mondiales car même nous qui sont les enfants de l’ancien régime c’est sous Wade que nos affaires se sont bien fructifiées et Macky Sall est dans la continuité car c’est ça l’Etat et tant mieux pour le Sénégal.


  ♦ laviesenegalaise.com

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